Travail éducatif
La relation éducative est un véritable outil pour l’éducateur et un facteur de structuration pour les jeunes en difficulté. C’est grâce à cette relation élaborée entre le jeune et l’éducateur que le jeune va modifier son rapport à lui-même et aux autres et va pouvoir se construire ou se re-construire.
Dans le cadre de notre service civique, nous sommes amenés à travailler avec des jeunes en grande difficulté, marginaux ou en voie de le devenir.
C’est avant tout à ces jeunes qui sont dans des problématiques très lourdes que s’adresse ces différentes missions, jeunes qui sont très souvent porteurs de multiples symptômes :
- échec scolaire, déscolarisation précoce,
- oisifs depuis plusieurs années,
- prises de produits psycho actifs,
- actes de délinquance,
- en errance, sans domicile fixe…
Il nous semble nécessaire de préciser que ces conduites sont pour nous des symptômes, c'est-à-dire un objet qui vient en montrer un autre, des actes qui viennent mettre à jour des schémas ou processus plus ou moins conscients. Nous ne devons donc pas nous arrêter aux symptômes, mais tenter qu’ils prennent sens pour le jeune dans la complexité de son histoire. Parler de son histoire familiale et notamment de la relation avec ses parents, de sa place dans la famille, vont l’amener progressivement à prendre conscience des véritables causes de son mal-être.
Chaque jeune est donc singulier, chaque rencontre, chaque situation est donc toujours nouvelle. Nous devons donc faire preuve d’une grande humilité dans la rencontre de chacun de ces sujets, ne pas être tenter de leur apporter des réponses stéréotypées, mais de les accompagner dans leur questionnement pour qu’ils trouvent eux-mêmes leur chemin vers l’autonomie. C’est pour nous une exigence éthique.
De plus, nous ne devons surtout pas, comme nous avons tendance à le faire dans notre société, stigmatiser ces personnes, les déshumanisées en les regroupant en catégories : les délinquants, les fous, les SDF, les toxicomanes, les RMIstes…Cela ne peut que les conforter dans l’image négative qu’ils ont très souvent d’eux-mêmes, les enfermer dans leur problématique.
Dès lors le fait de participer à ces missions humanitaires va permettre à ces jeunes :
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une préparation (l’arrachement à son milieu), une réalisation (l’expérience du Don et du contre- Don) et un retour (la renaissance à un statut social nouveau et la transmission de son expérience),
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de leur offrir un cadre et un sens aux remaniements de la personnalité du jeune.
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de réinvestir un corps nouveau et de répondre à la quête d’idéal du Moi qui est celle de tout adolescent par son introduction aux valeurs humanistes liées à ce projet.
Mais surtout, montrer à certains jeunes que la réussite dans notre société de l’avoir et du paraître que véhiculent les médias peut être autre chose que gagner de l’argent et consommer à outrance. Ces jeunes qui sont souvent attirés par l’argent facile et qui pour exister doivent se procurer le dernier produit à la mode vont être confrontés à d’autres valeurs, la solidarité, la citoyenneté et la richesse humaine par le don.
Mais loin de nous l’idée de penser que ce type de projet est "magique". Qu’il suffit d’un simple séjour de quelques semaines à Madagascar pour que les jeunes sortent de leurs difficultés.
Il ne vaut que ce que valent ceux qui le mettent en œuvre. C’est un espace de transition pour le jeune, riche de « possibles » dès lors qu’il s’appuie sur un acte éducatif basé sur l’écoute, l’empathie, la prise en compte de la singularité et de l’ambivalence.
Nous devons ajouter que ce type de projet ne doit pas être une simple médiation éducative, un simple outil, il doit également répondre aux besoins des pays en voie de développement.
L’éthique que nous défendons auprès des jeunes, servie par des valeurs de respect, de dignité, de responsabilité et de liberté doit évidemment être appliquée à ces actions humanitaires que nous nous efforçons de faire évoluer vers de véritables projets de développement.